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Election présidentielle au Mexique: le retour du PRI serait une régression démocratique

Opinión

Par Veronica Estay Stange Chercheuse en littérature française

Miércoles 22 de octubre de 2014

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C'est le favori du scrutin. La candidat du PRI à la présidence du Mexique Enrique Peña Nieto est en tête des études d'opinions depuis des mois. Sa victoire éventuelle, ce dimanche 1er juillet, serait fortement symbolique puisqu'elle marquerait le retour d'un parti qui gouverna de manière hégémonique le pays pendant 71 ans et surtout de manière très autoritaire.



A moins d’une semaine des élections présidentielles, le Mexique doit faire face à une recrudescence de "stratégies de campagne" pour le moins anti-démocratiques, visant à assurer le triomphe d’Enrique Peña Nieto, candidat du puissant Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a gouverné le Mexique pendant soixante-onze ans, jusqu’en 2000.

"Nous avons changé", clament les dirigeants actuels du PRI, en prônant le "respect des valeurs démocratiques". Une affirmation que contredisent les actes…

Après l’"éveil" de la population lors de la mobilisation des étudiants début mai sous le titre de "Yo Soy 132", les citoyens se sont donné pour tâche de surveiller de près le processus électoral à travers des organisations telles que "Conteo #Yo Soy 132" ("le décompte des voix #Yo Soy 132"), "Yo Soy Antifraude" ("je suis anti-fraude") ou "Observacion ciudadana" ("Observance citoyenne").

Un Comité juridique a même été mis en place en association avec les Droits de l’Homme pour traiter les cas les plus graves de répression. Ils se sont également proposé de dénoncer, au moyen des réseaux sociaux, ce que les médias officiels taisent.

 

Des supporters "charriés" et des voix "achetées"

Mais passons aux choses sérieuses.

"Fais attention à ne pas nous embêter si tu ne veux pas finir comme ça, sale chien". C’est le message laissé, à côté d’une vraie tête de chien, devant la porte de la maison de Clemente Castañeda le 10 mai 2012. Lors des élections législatives dans la ville de Jalisco, Castañeda coordonnait la campagne d’un des opposants du PRI.

Comme le reconnaît la revue "Proceso" en citant une longue liste d’événements semblables, "s’opposer au PRI peut entraîner la mort". Si les crimes liés au trafic de drogues au Mexique font la une des journaux, les méthodes employées à des fins politiques par ce parti dont l’une des promesses de campagne est justement d’en finir avec la violence, ne sont pas moins effrayantes.

Plus fréquentes encore sont les agressions physiques à l’encontre des opposants du PRI lors des manifestations publiques. A l’occasion du match de football du 8 juin cité précédemment, les "charriés" du PRI ont attaqué les membres du mouvement d’étudiants "Yo Soy 132"

De même, une vidéo diffusée sur Youtube le 12 juin montre les milices du PRI en train de frapper violemment des sympathisants du candidat de gauche, Andrès López Obrador.

Si les confrontations entre les citoyens membres de groupes politiques ne sont pas rares lors des processus électoraux, la portée des agressions et des menaces permet de supposer qu’elles font partie d’une véritable stratégie de campagne du PRI.

Ainsi, des membres du mouvement d’étudiants "Yo Soy 132" à l’étranger (Corée, Angleterre, Russie, Brésil, parmi d’autres) ont été menacés de l’annulation de leur passeport ou de l’impossibilité de le renouveler ; des menaces qui, faisant preuve d’une connaissance approfondie de la situation administrative de ces victimes potentielles, ne pourraient être mises en œuvre sans l’intervention de secteurs de l’administration mexicaine officielle.

Les journalistes eux-mêmes ne sauraient être épargnés dans cette campagne féroce. Cinquante et un d’entre eux ont été assassinés au cours des dernières douze années dans les États gouvernés par le PRI, et pendant la période électorale actuelle les menaces de mort se sont multipliées. C’est ainsi que la censure politique vient contribuer au martyrologe journalistique déjà mis œuvre par les mafias de la drogue.

A la veille des élections, ces aberrations politiques viennent nous rappeler que le Mexique est le pays de la corruption et de la violence.

En même temps, les voix qui depuis le mois de mai se lèvent au sein de la population pour dénoncer par tous les moyens ces pratiques révoltantes, nous montrent que le Mexique est aussi le pays de l’espoir et de la maturité démocratique.

"Si nous ne brûlons pas, comment éclairer la nuit ?", disait l'écrivain Henri Michaux...